Causes et prévention des risques psychosociaux

Les risques psychosociaux (RPS) correspondent à différentes situations qui portent atteinte à l’intégrité physique et/ou la santé mentale des salariés dans leur cadre professionnel. Ces risques combinent trois éléments qui ont une dimension à la fois individuelle, collective et organisationnelle : le stress, les violences commises au sein de l’entreprise et, enfin, les violences à l’extérieur de celle-ci. La détection et la prévention des RPS sont essentielles pour maintenir le bon fonctionnement de l’entreprise en période de crise.

La gestion des émotions

Depuis le début de l’épidémie, les salariés ressentent un stress lié à la peur d’être contaminés ou une angoisse en raison de la forte insécurité socio-économique actuelle. L’inquiétude relative à l’avenir de l’entreprise, à la pérennité de l’emploi ou, encore, aux changements organisationnels s’accroît en créant de nouvelles difficultés de gestion des émotions sur le temps de travail. Aussi, qu’il s’agisse de liens hiérarchiques ou entre collègues, la valorisation du lien social, grâce à une communication soignée et à la prise en compte de l’état émotionnel des uns et des autres, s’avère déterminante.

La dégradation des rapports sociaux

Le télétravail peut entraîner des tensions dans les relations interpersonnelles en raison de la distance et des modes de communication utilisés. Dans le cadre de l’épidémie de coronavirus, certains peuvent se sentir isolés. D’autres vont considérer que la hiérarchie ne les soutient pas assez, faute d’informations et d’attention. Le télétravail déployé sans cadre et dans l’urgence augmente le sentiment d’insécurité et la perte de repères des collaborateurs. Pour autant, un cadre trop strict qui réduit les marges de manœuvre des salariés peut créer un climat délétère. Un contrôle excessif des activités peut être assimilé à de la surveillance et à un manque de confiance. Maintenir un équilibre entre le cadrage des activités et l’autonomie des équipes passe ainsi par un dialogue fréquent et par l’association régulière des collaborateurs aux prises de décision. Lorsque les relations interpersonnelles se détériorent, la concertation avec l’ensemble des salariés est essentielle pour dénouer les tensions. Le comité social et économique (CSE) peut jouer, dans ce cas, un rôle de médiation.

Un équilibre et un sens du travail perturbés

Le travail en temps de crise sanitaire engendre aussi des difficultés organisationnelles. Des collaborateurs ont une surcharge de travail en raison de la diminution des effectifs ou un accroissement de leur activité, ce qui déséquilibre vie professionnelle et personnelle. D’autres, à l’inverse, se sentent inutiles. Ces deux situations peuvent mener à un épuisement professionnel individuel et/ou collectif néfaste pour l’organisation. Pour limiter une perte de sens du travail, il est souhaitable d’adapter la charge de chacun au contexte, en matière d’objectifs, de compétences, d’appétences, etc. Il s’agit de veiller à valoriser et à reconnaître le travail réalisé lors de cette période difficile. Enfin, pour l’employeur qui a l’obligation légale de préserver la santé et la sécurité de ses salariés au sein de l’entreprise, l’organisation de réunions favorisant l’écoute, l’échange et la détection de ces phénomènes se révèle primordiale. Il est ainsi conseillé de prévoir ces rendez-vous professionnels aussi bien lorsque le mode de travail est dégradé que lors d’une organisation de travail plus institutionnelle.

Marie-Laure Hag, Responsable pôle conseil RH GMBA. Depuis 10 ans, elle accompagne les dirigeants de tous secteurs d’activité dans leurs décisions stratégiques en matière de gestion du personnel en y associant la dimension psychologique. 

Tribune « Management » N°45, P.58, DAF magazine, Septembre 2020.

A lire 

[Social] Aides financières exceptionnelles à l’embauche

[Alerte culturelle] Loi de finances rectificative N°3

[COVID-19] Nouveau « Forfait mobilité durable »

[COVID-19] Le point sur les aides en matière de financement des entreprises face à la crise