La Responsabilité Sociétale des Organisations : une vision pour notre pays et une réponse aux colères sociales ?

Actualités | 18 avril 2019

La fiscalité semble au cœur du débat national, initié par Emmanuel Macron en réponse au mouvement des « gilets jaunes ». Elle est manifestement le détonateur de cette crise sociale, avec le rejet de l’augmentation de la taxe carbone sur le carburant. Bien sûr le malaise est infiniment plus profond puisque cette crise a survécu à l’annulation de ladite augmentation et autres mesures. Ce mouvement vient de loin ; il est fait de ressentis et ressentiments, de colères d’horizons extrêmes qui se nourrissent d’absences ; absence d’espérance dans un avenir meilleur, absence de confiance dans les élus, absence de respect et considération, absence d’amélioration (voire dégradation lente et continue) des situations individuelles, etc…

Eh oui, paradoxe, La France paie aujourd’hui la qualité de son « amortisseur social » qui a fonctionné à plein régime lors de la crise financière de 2008. Nous n’avons pas connu les plans de rigueur infligés à la Grèce, à l’Italie, au Portugal, à l’Espagne, … ni la pauvreté de masse qui a frappé les Etats-Unis, le Royaume Uni ou encore l’Allemagne…la France a été protégée hier par son système fiscal et social, elle est minée aujourd’hui par le manque d’espérance qui en résulte (les autres pays ont « touché le fond » et se redressent…).

Plusieurs mesures ont abouti au sentiment d’injustice fiscale. La taxe carbone bien sûr mais aussi la suppression de l’ISF. 71% des Français sont favorables au rétablissement de l’ISF (Source Opinion Way/LCI) qui symbolise justice sociale et fiscale (bien sûr, il fallait réformer cet impôt mais ne pas l’amputer et lui donner un nouveau nom…). Au-delà de ce symbole, rappelons toutefois que la France est l’un des pays d’Europe où l’impôt sur le revenu est le plus progressif : un foyer fiscal sur deux ne paie pas d’impôt, une part importante des contribuables a un taux moyen d’imposition compris entre 8 et 12 %, les foyers fiscaux les plus aisés ont un taux moyen à 30% et plus… les plus gros contribuables peuvent se trouver à payer 62% d’impôt sur des revenus fonciers.

La France détient donc le record mondial des prélèvements sociaux et fiscaux, soit… mais la France est aussi l’un des pays au monde qui offre la meilleure protection sociale, l’un des pays les plus égalitaires au monde… Même si 75 % des Français jugent les écarts de salaire trop importants dans les entreprises (source Oxfam), ceux-ci concernent principalement les grandes entreprises du CAC 40, alors que les PME restent le plus souvent dans une proportion de 1 à 5.

Les prélèvements fiscaux et sociaux sont très élevés en France, mais les contreparties, dont bénéficient tous les Français, le sont également : les minima sociaux, le salaire minimum, l’assurance chômage, l’assurance maladie, la prévoyance, le temps de travail, le système de retraite, les services publics (école, hôpital…), … Rappelons également que la France a un taux de « risque de pauvreté » parmi les plus faibles d’Europe : 13 % (Source Eurostat) et que sans redistribution, il s’élèverait à 22 %. Pour se situer, l’Irlande et l’Allemagne ont, elles, un taux supérieur de trois points à celui de la France.

Bien entendu, nous ne pouvons pas nous satisfaire de tout cela pour justifier et accepter des inégalités et des exclusions croissantes. Et surtout, à ce stade rien n’est dit sur les enjeux environnementaux, véritables défis pour l’humanité, qui doivent nous conduire à changer de modèle économique. La Vision pour notre pays devrait être celle du « Développement Durable » qui prend en compte les contraintes économiques, environnementales, sociales et sociétales pour assurer un développement harmonieux ; du « Développement Durable » qui conduit à décider à l’aune desdites contraintes pour un bon équilibre. Nos Gouvernants devraient se saisir sans attendre de ce qui constitue le seul modèle viable ; le Développement Durable est une vision qui doit s’organiser en programme politique ! Nombre d’Organisations (Entreprises, Associations, Collectivités, …) et de citoyens appellent désormais ce changement de cap de leurs vœux. De nombreuses Organisations sont engagées dans des démarches de Responsabilité Sociale (RSO ou RSE, Norme ISO 26000) et peuvent ainsi en mesurer tous les bénéfices ; « l’expérimentation » est un vrai succès, il est temps d’œuvrer désormais pour « la généralisation » du modèle.

En plein « Grand débat public » et à la veille d’élections Européennes, nous mesurons bien les menaces que constituent extrémismes, nationalisme, populisme et prenons conscience de la fragilité d’une démocratie.  

Des citoyens et des peuples réconciliés dans un cadre Européen renforcé, au sein de Nations ancrées dans le Développement Durable et d’Organisations résolument « RSO »…une utopie nécessaire !

 

Publication :

Article | Le Monde du Chiffre La responsabilité sociétale des organisations ou RSO : une vision pour notre pays et une réponse aux colères sociales ?